Agrivoltaïsme : quels avantages pour une exploitation agricole ?

Agrivoltaïsme : quels avantages pour une exploitation agricole ?

Les avantages de l’agrivoltaïsme pour l’agriculteur

L’agrivoltaïsme consiste à générer de l’énergie solaire grâce à des panneaux photovoltaïques tout en maintenant une activité agricole, en synergie sur la même parcelle. Cette pratique est réglementée. Elle se développe grâce à de nouvelles lois qui visent à multiplier par cinq la production d’énergie solaire en France d’ici 2050.

Pourquoi un exploitant aurait-il intérêt à accueillir un projet agrivoltaïque sur ses terres agricoles ? Quels sont les avantages qu’il pourrait en retirer sur son exploitation agricole ?

>> À lire : Agrivoltaïsme en France : quels avantages pour l'agriculture ?

Optimiser les surfaces et valoriser les parcelles agricoles avec l’agrivoltaïsme

Les parcelles agricoles concernées par l'agrivoltaïsme ont pour vocation la production agricole et la production d’énergie verte, sur la même surface et en même temps.

Une double valorisation des surfaces agricoles avec l’agrivoltaïsme

L’activité agrivoltaïque soutient à la fois la souveraineté alimentaire et énergétique. Elle engendre une double valorisation des terrains agricoles. D’un côté, l’agriculteur continue de produire des cultures à vocation alimentaire, ou d’exploiter des prairies grâce à la fauche ou à la pâture des animaux. De l’autre, les panneaux photovoltaïques produisent de l’énergie solaire.

Une valorisation des parcelles à faible potentiel de rendement

Les potentiels de rendement des parcelles sont divers sur une exploitation agricole. Les problématiques de fertilité des sols (texture et structure) ou de localisation de la zone (bas-fond, versants plus secs…) sont souvent la cause d’une productivité plus faible.

Un projet agrivoltaïque, grâce à la production d’énergie renouvelable, peut valoriser ces parcelles peu productives en augmentant leur intérêt économique.

Se lancer pour sécuriser et diversifier ses revenus agricoles

Sur une exploitation agricole, la diversification des activités apporte un complément de rémunération et sécurise le chiffre d’affaires. C’est une pratique très utile dans un secteur qui souffre d’aléas climatiques et économiques importants. La production d’énergie renouvelable est une voie intéressante pour les agriculteurs, notamment avec l’agrivoltaïsme.

Agriculteur et producteur d'énergie verte pour diversifier son revenu

Dans le cadre de la diversification, la plupart des fermes vendent en circuit court ou transforment leurs produits sur place. Depuis 2010, de plus en plus d’exploitations agricoles misent aussi sur la production d’énergie renouvelable. En 2020, 3,5 % produisaient de l'énergie solaire pour la vente contre 0,5 % dix ans plus tôt (source INSEE, édition 2024).

Les revenus générés par l’agrivoltaïsme sont prévisibles, fixes et sur le long terme. Ils aident l’agriculteur à couvrir les coûts fixes de son exploitation et à compenser l’instabilité des marchés agricoles. Cela facilite aussi l’obtention de prêts bancaires pour investir dans de nouveaux équipements agricoles.

L’accès aux aides PAC assuré avec l’agrivoltaïsme

Avec l’agrivoltaïsme, l’agriculteur perçoit les aides financières de la PAC (Politique Agricole Commune), car la parcelle a une vocation agricole. Elle doit être régie par les dispositions d’un bail rural. Il suffit d’exclure les surfaces non agricoles (SNA) nécessaires au soutien des panneaux photovoltaïques.

Concernant les aides PAC, les espaces non productifs, comme les bandes enherbées entre les panneaux photovoltaïques, peuvent être déclarés en SIE (Surfaces d’Intérêt Ecologique).

Une diversification qui peut donner envie d’innover en agronomie

Certains exploitants agricoles en conventionnel, soucieux d’innover, se lancent dans l’agro-écologie ou l’agriculture de conservation. L’agrivoltaïsme peut être un déclencheur chez ces agriculteurs.

Dans le cas de panneaux solaires bifaciaux, la mise en place de couverts végétaux apporte des avantages en termes de performance énergétique tout en favorisant le stockage du carbone et en protégeant les sols agricoles. Leur pouvoir réfléchissant est en effet plus important que celui d’un sol nu. L’énergie est captée par des panneaux bifaciaux et améliore leur rendement énergétique.

L’agrivoltaïsme protège les cultures et entretient le bien-être animal en conditions extrêmes

L’installation agrivoltaïque présente des avantages certains dans un contexte de changement climatique, tel que nous le connaissons ces dernières années.

Les panneaux solaires : protéger contre le stress climatique

Les panneaux photovoltaïques agissent comme des barrières protectrices lors d’étés trop chauds ou d’hivers trop froids (gel). Le stress des cultures, qu’il soit thermique, oxydatif ou hydrique, est limité. Concernant les périodes sèches, l’ADEME a démontré que les besoins en eau diminuent de 20 à 30 % sous les panneaux solaires. Des températures plus faibles limitent l’évapotranspiration et réduisent les besoins en eau sous les panneaux.

En périodes sèches et chaudes, les cultures et les élevages sont particulièrement protégées grâce à l’ombrage partiel et tournant offert par les ombrières photovoltaïques. Certaines solutions agrivoltaïques comme la canopée agricole et l’ombrière de culture de TSE, leader de l’agrivoltaïsme, peuvent, sous certaines conditions, intégrer un système d’irrigation.

>> À lire : Agrivoltaïsme et gestion de l’eau : découvrez notre guide exclusif réalisé avec Réussir

Système d'irrigation intégré à la canopée agricole TSE de Brouchy

Une protection physique contre les intempéries

Les installations agissent comme des brise-vent. Les animaux qui paissent ou les végétaux sous les panneaux photovoltaïques sont protégés des intempéries (grêle).

La technologie se développe aussi avec des panneaux rotatifs intégrant des trackers solaires. En suivant la course du soleil, les panneaux apportent un ombrage partiel et tournant, bénéfique aux cultures.

Un cadre juridique renforcé pour développer l’agrivoltaïsme et préserver l’agriculture

Laloi APER prévoit certaines dispositions pour garantir la durabilité de projetsagrivoltaïques. En premier lieu, les surfaces doivent garder leurvocation agricole

Parailleurs, l'agrivoltaïsme ne doit pas faire grimper le prix des terresagricoles. La loi précise sa compatibilité avec le bail rural.Concrètement,l’indemnisation mensuelle payée par ledéveloppeur revient pour partie à l’exploitant agricole, mais également le caséchéant au propriétaire.  Ce partage durevenu entre l’agriculteur et le propriétaire est essentiel pour éviter que lahausse de la valeur du terrain ne mette fin au bail.

>> À lire : Le cadre réglementaire de l'agrivoltaïsme pour préserver l’agriculture française

Des projets photovoltaïques compatibles avec l’agriculture grâce aux innovations technologiques

L’installation de solutions agrivoltaïques est compatible avec la production agricole. L’agriculteur continue à y faire paître ses animaux, mais aussi à cultiver des végétaux. En agroforesterie, on y installe des lignes de plantations d’espèces arbustives. De la même manière, en agrivoltaïsme, des lignes de panneaux solaires peuvent être implantées en alternance de bandes de cultures. La solution agrivoltaïque est réfléchie pour s’adapter au mode de production choisi.

Aujourd’hui, toutes sortes de matériels sont disponibles : des panneaux rotatifs, bifaciaux ou verticaux, mais aussi rotatifs avec tracker solaire intégré. Des structures avec des modules solaires positionnés en hauteur se développent pour faciliter le passage des engins agricoles. C’est le cas de la canopée agricole de TSE, producteur d’énergie solaire en France. Il existe aussi des solutions adaptées à la viticulture et l’arboriculture.

>> À lire: La canopée agricole, un système agrivoltaïque innovant

Lancer un projet agrivoltaïque en France

Différentes options de financement sont à disposition des agriculteurs, qu'il s'agisse de conclure un bail avec un développeur, d'investir soi-même, ou encore de mutualiser les coûts au sein d'une coopérative.

Financer son projet agrivoltaïque grâce au développeur d’énergie verte

Le financement d’un projet agrivoltaïque est pris en charge par un développeur d’énergie solaire, en échange d’un bail sur la parcelle. L’agriculteur bénéficie d’un loyer, sans avoir à supporter les coûts d’installation. Certains développeurs, comme TSE, proposent aux agriculteurs un bail emphytéotique avec un loyer, sur 40 à 50 ans. La rémunération annuelle fixe est calculée en fonction de la puissance installée lors de la mise en service. Elle est assortie d’une part variable indexée sur le chiffre d’affaires du projet agrivoltaïque.

Des solutions d’investissement alternatives pour les projets agrivoltaïques

Une autre solution consiste à investir en tant qu’exploitant agricole, pour avoir toute la maîtrise du projet. Mais cela n’est possible que sur des projets de toute petite taille. Les sommes sont souvent importantes. Des solutions combinées de type prêt bancaire ou crédit d’investissement peuvent être judicieuses. Pour alléger la charge financière, l’agriculteur mobilise des subventions et aides publiques existantes (ADEME, FEADER ou collectivités locales). Des coopératives d’agriculteurs se lancent aussi dans des projets collectifs pour mutualiser les coûts. Ils partagent les revenus issus de la production d’énergie. Elles existent déjà en France, au niveau de la méthanisation agricole, par exemple.

Des agriculteurs acteurs de la transition énergétique

L’agriculteur engagé dans un projet agrivoltaïque produit de l’énergie décarbonée. La source est solaire, donc renouvelable. Il évite la production d’une quantité d’énergie similaire à base d’énergies fossiles, émettrices de CO2. En cas d’autoconsommation, il utilise également cette énergie à la place d’une énergie potentiellement carbonée. De la sorte, il contribue à la transition énergétique et notamment à la réduction des émissions de gaz à effets de serre (GES) au niveau national. Il participe à la souveraineté énergétique française en produisant une énergie verte, locale et disponible en circuit-court.

Source
Transformations de l'agriculture et des consommations alimentaires
, INSEE, édition2024.